20/12/17 AQUARELLE Paul CEZANNE
REVUE DE PRESSE DECEMBRE 2017/JANVIER 2018
La Gazette DROUOT - Janvier 2018
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"Donner l’image de ce que nous voyons en oubliant tout ce qui a paru avant nous".
Paul Cézanne, lettre à Émile Bernard 23 octobre 1905
Paul CÉZANNE (1839 - 1906)
Intérieur de forêt, 1904 - 1906
Aquarelle et mine de plomb
45,5 x 60 cm
ADJUGEE : 6 875 000 euros frais compris
Le 20 décembre 2017 à Paris - Hôtel Drouot
RECORD FRANCAIS POUR UNE OEUVRE DE PAUL CEZANNE VENDUE AUX ENCHERES
2EME ENCHERE LA PLUS ELEVEE A DROUOT EN 2017
EXPERTS :
Amaury de LOUVENCOURT et Agnès SEVESTRE-BARBE
Provenance:
- - Madame Paul Cézanne, Paris
- - Madame Pierre Reinach-Goujon, Paris
- - Succession de Madame Reinach-Goujon, Paris
- - Par descendance à l’actuelle propriétaire
Expositions :
- - Cézanne, 1839 – 1906 : Quelques souvenirs, Galerie Pigalle, Paris, décembre 1929, N°35 (prêtée par Mme Pierre Reinach-Goujon avec l’indication : « Provient de la collection particulière de Madame Cézanne »)
- - L’aquarelle en France au XXe siècle, galerie Beaux-Arts, Paris, avril – mai 1962 (prêtée par Mme Goujon), N° 33 du catalogue de l’exposition (avec comme dimensions 44 x 56 cm)
Bibliographie:
- Paul Cézanne par Marcel Brion, Milan, 1971, page 64 reproduit figure 1
- Das Spätwerk Cézannes par Kurt Badt, Constance, 1971, reproduit figure 12
- Les aquarelles de Cézanne, catalogue raisonné par John Rewald, Arts et Métiers graphiques, Paris, 1984 décrit page 225 sous le n° 635 (avec comme dimensions 43,8 x 56,5 cm) et reproduit en couleurs planche 44 et en noir et blanc sous le n° 635.
Dans le roman d’Adrien Goetz, Villa Kérylos, (Grasset, 2017), page 123 il est très vraisemblablement mentionné notre aquarelle: … Pierre Goujon, sous-lieutenant de réserve. Lui aussi était de 1875, il était parti avec nous. Pierre, que tous aimaient dans la famille, avait épousé sa fille Julie … Il avait plu à Julie parce qu’il tenait de sa famille la passion de la peinture, Renoir avait fait son portrait quand il était enfant. Ils imaginaient qu’ils allaient tous les deux entreprendre une collection de tableaux modernes.
Julie a acheté de belles œuvres, après sa mort, en se souvenant de lui. J’ai vu chez elle un Degas magnifique, une aquarelle de Cézanne.
L’importance de l’œuvre tardif de Cézanne n’est plus à démontrer, la remarquable exposition du Musée d’Art Moderne de New York, Cézanne The Late Work de 1977 puis à Paris, au Grand- Palais (20 avril – 23 juillet 1978), Cézanne les dernières années (1895 – 1906) ne traitait que de l’ultime période du Maître. William Rubin (qui fut Directeur du Département des peintures et des sculptures du Musée d’Art moderne de New York), dans l’introduction de ce catalogue explique : … cette réunion d’œuvres peintes par Cézanne pendant les dix dernières années de son existence rend sensible non seulement la beauté intrinsèque de chaque peinture, mais aussi la plénitude, l’ampleur et la complexité de la tâche accomplie. L’ensemble prend ainsi une valeur qui dépasse de loin celle des composantes additionnées. Il ouvre ainsi une perspective profondément enrichissante sur les fondements mêmes de la peinture du XXesiècle.
En étudiant ces œuvres tardives, on constate, en ce qui concerne le style, une diversité allant bien au-delà de tout ce que l’on peut trouver dans les œuvres exécutées à la fin des années 80 …La manière dont le XXe siècle conçoit l’acte de peindre et son processus est d’abord annoncée par Cézanne : chez lui apparaît un mode nouveau de composition où le drame de l’intégration picturale – la mosaïque de décisions qui en fait une œuvre d’art – devient pratiquement le sujet même de la peinture … Il apparaît comme étant le premier peintre à refuser de reporter d’une peinture à l’autre les solutions antérieurement adoptées, le premier à essayer d’aborder une œuvre en faisant « table rase » des modes de représentation qui la précèdent. Quelles que soient les intentions de Cézanne, une nécessité impérieuse d’ordre émotionnel de rendre sa peinture « réelle » l’oblige à des innovations radicales dans les seules voies propres à la peinture, ses moyens inhérents.
Nous trouvons ainsi dans les tableaux de Cézanne une fragmentation, une abstraction et une affirmation de la surface (même lorsqu’elle n’est pas recouverte de peinture), une modulation tectonique de la couleur et une absence du « fini » traditionnel, qui allaient devenir autant d’éléments-clés dans l’art futur du XXe siècle. Le résultat est moins une image vériste de la nature qu’une « harmonie parallèle à la nature » pour reprendre les termes mêmes de Cézanne. Il semble que certains de ces caractères lui aient été suggérés par ses propres aquarelles où s’exprime un art profondément révolutionnaire …
Nous retrouvons pour les années 1904 – 1906, dans le catalogue raisonné des aquarelles de Cézanne de John Rewald sept études autour des arbres (N°625, 631, 632, 633, 634, 635, 644), notre aquarelle 635 est de loin la plus belle. D’ailleurs John Rewald mentionne à son propos page 255 : Une œuvre d’une densité exceptionnelle (ou « finie », si l’on préfère). La feuille est entièrement couverte d’une esquisse poussée à la mine de plomb. Pourtant comme Chappuis l’a signalé, les tracés à la mine de plomb ne constituent pas un dessin au sens propre du terme ; ils marquent ce que l’artiste avait coutume d’appeler la « configuration » du motif.
Sur cette étude à la mine de plomb, des touches transparentes établissent l’atmosphère générale d’une scène sylvestre plutôt sombre et en retracent aussi les éléments particuliers, tels que de nombreux troncs d’arbres et un sentier au premier plan. Leur mosaïque vibrante rayonne de la richesse de couleurs exceptionnellement fraîches et bien conservées.